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LA PLAINE, ITV DE JEAN-LOUIS KNIDEL

La Plaine… 2 ans de travaux encore, alors en attendant le voir le résultat et de (re)vivre cette place, sortons du climat de combat social et politique en cours, et regardons les qualités du projet, avec Jean-Louis Knidel, paysagiste de l’agence APS, lauréate du concours d’aménagement de la place Jean-Jaurès.

Une nouvelle place demain ?

Jusque-là, la Plaine était surtout un immense giratoire au caractère routier affirmé, un vaste tapis d’enrobé, et des espaces interstitiels en son cœur. Le projet renouvelle la perception du lieu et redonne à la Plaine son statut de place, une grande place piétonne, ouverte à une diversité de rencontres et d’usages. Le marché, demain, occupera toujours la majeure partie de la place, avec 170 emplacements de forains. Le grand deck central, 2500m2, sera un vrai espace dédié à la convivialité ; on s’y assied, on se parle, on l’utilise comme solarium, on pique-nique, on joue, c’est un lieu de rencontre ouvert aux nouvelles pratiques urbaines.

Fallait-il vraiment couper ces arbres ?

Les tilleuls, plantés dans les années 1980, ont été plantés dans des petites fosses, sans protection, et ont été largement abimés par le stationnement ou le marché. Le diagnostic phytosanitaire a conclu qu’ils n’avaient pas d’avenir, d’autant qu’ils ont particulièrement souffert lors des 5 dernières années de sécheresse. Dans le projet, nous préservons les deux grands alignements Est et Ouest de tilleuls et ouvrons vers les façades Nord et Sud, en plantant de façon plus libre 20 nouvelles espèces pour apporter plus de diversité végétale, des beaux sujets âgés d’au moins une quinzaine d’années. Mais surtout, toutes les fosses d’arbres, généreuses, sont végétalisées et bordées et protégées latéralement par des banquettes qui permettront de s’asseoir à l’ombre et de protéger les arbres. La place proposera ainsi un dispositif de 750 mètres linéaires d’assise.

Une place minérale malgré tout ?

Minérale, oui, comme une place urbaine à l’échelle de la ville et du quartier, avec une diversité d’usages, un important marché, des accès pompiers, de grands espaces ouverts, et ce grand deck en bois pouvant accueillir des soirées cinéma, des concerts ou tout simplement des familles. Ce n’est pas la minéralité aride du cours Estienne d’Orves. Tout un vocabulaire de nature est ici apporté, avec une nouvelle diversité végétale, avec des îlots d’arbustes et fleurs méditerranéennes, de l’ombre et du soleil. Et puis c’est tout de même tout l’enrobé qui disparaît.

Avec ce projet, un pas vers la gentrification ?

Je ne crois pas une seconde que l’aménagement de l’espace public, quel qu’il soit, mène à la gentrification. C’est plutôt les choix de la politique de la ville sur l’immobilier qui est moteur, ou pas, de l’évolution de la population. Ce n’est pas une place façonnée pour les touristes, ça redevient une place que les habitants de la Plaine pourront à nouveau s’approprier.

Et le mur de la honte…

Jamais je n’avais imaginé qu’on puisse en arriver là, c’est fou. Ce mur est le résultat malheureux d’un climat d’extrême agressivité, dont j‘ai moi-même été victime, de relations passionnées et d’une concertation ratée, ratée en partie du fait des opposants qui n’ont pas permis d’ouvrir le dialogue. Ce mur est en contradiction totale avec l’esprit du projet, qui d’ailleurs, ne sera constitué d’aucune  clôture. Même les jeux d’enfants n’ont pas de barrière et sont incrustés au coeur du deck bois.

Alors pourquoi ce procès ?

Je reste persuadé que c’est faire un mauvais procès à ce projet. Certes, il y a eu des ratés, comme la mauvaise et trop tardive réorganisation des forains. Mais autour de l’idée de requalification de l’espace public, un combat politique s’est greffé. Ce projet est un mauvais prétexte au combat, et rend la situation pénalisante pour le quartier. Notre ambition est simple et sans arrière-pensée : Un projet qui vise à refaire de cet espace public une place piétonne et généreuse, comme autrefois, quand tous les enfants et familles se retrouvaient autour du grand bassin de la Plaine. Notre postulat de départ, c’est bien une « place heureuse », et j‘y crois toujours. Une grande place à l’échelle du quartier et de la ville, qui sera conviviale, ouverte et investie.

Propos recueillis par Stanislas Alaguillaume.


L’ADRESSE

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